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Art-journal, journal de gratitude, atelier d’écriture thérapeutique : quelles sont les principales symboliques du carnet pour aider tes patients dans tes ateliers thérapeutiques médiatisés ?

29 avril 2024

Le carnet : un fidèle compagnon depuis l’époque de mes stages en ergothérapie

De toutes les couleurs, de tous les formats, récupérés ou achetés hier, vieux agendas papiers reçus en goodies pour le Noël du Comité d’Entreprise, acheté chez @Karnedou pour le côté up-cyclé, ou encore repéré dans cette librairie en vacances mais tellement beau que je n’ose pas écrire dedans, le carnet fait partie de ma vie professionnelle, et ce depuis l’époque de mes premiers stages il y a… 15 ans (aïe ! 😝)

Je me souviens mettre dans ma poche de blouse un carnet pile poil de la bonne taille et le sortir pour écrire les anamnèses, les anecdotes, les scores de bilans de mes premiers patients 🥹 #bébéergo

Et aujourd’hui encore, alors que je suis en libéral, il y a toujours avec moi un, deux voire trois carnets en cours. Et bien sûr, dans ma vie personnelle, le carnet a une place de choix depuis mon premier journal intime avec son touuuut petit cadenas touuut mignon et sa touuuute petite clef encore plus mim’s qu’il ne fallait surtout pas perdre ! 😁

Dans cet article, je t’explique quelques symboliques du carnet et comment tu peux te servir de ces métaphores pour construire tes groupes auprès de tes patients ☺️

La symbolique du carnet : quelques métaphores pour réfléchir à tes ateliers médiatisés

Le carnet est un espace-temps

C’est un objet physique, tangible, dont les pages reliées sont tenues ensemble. Lorsqu’on l’ouvre, la double page devant soi invite à écrire ou à créer de manière finie, limitée : il y a le bord du carnet qui délimite physiquement l’espace.

Si tu veux sortir de l’espace proposé par cette double-page, il faudra mettre à contribution la table ! 😅

En occident, la lecture se fait de gauche à droite et les images ne dérogent pas à cette lecture en Z 💤

On commence à lire une image en haut à gauche, qui symbolise le début de cet espace-temps.

En bas à droite, le petit coin de la page entre le pouce et l’index nous invite à tourner la page sur un nouvel espace-temps symbolisé par une nouvelle page blanche.

Ce qui signifie qu’utiliser un carnet dans nos créations offre un espace fini et délimité et rassure sur le temps passé à agir.

Lorsque la page est finie, tu te dois de décider si tu tournes la page pour créer autre chose ou si tu t’arrêtes.

En tant qu'ergothérapeute, tu sais approximativement combien de temps cela va prendre de remplir cet espace de mots ou de gribouillis, ce qui permet de structurer concrètement la séance créative pour les patients.

Donc, concrètement, le carnet est un espace-temps donné pour une personne et cette propriété va nous être très utile pour canaliser, structurer, étayer tout en laissant toutefois la liberté d’agir entre les quatre bords du carnet 📖

L’angoisse de la page blanche

L’espace-temps est tout blanc et peut franchement impressionner. Pire, cet espace pourtant structuré par les quatre côtés peut faire peur et empêcher toute créativité. Peut-être fais-tu partie des personnes qui achètent un carnet, puis deux, puis trois puis qui posent ces petites merveilles reliées dans un coin en soupirant… Sachant pertinemment que tu n’oseras pas écrire dedans ! 😱

Cela arrive à beaucoup de personnes. Ajoute à cela un syndrome dépressif ou des symptômes psychiques impactant la motivation et tu auras une idée de ce que vivent les patients quand on leur dit “mais vous pourriez créer chez vous ! Cela vous ferait du bien !” Oups ! 🫣

Notre travail en tant qu’ergothérapeute va alors être de préparer notre cadre thérapeutique pour aider les personnes à aller vers l’action, vers l’agir et surtout vers l'expression de soi. 

Cela peut se faire par la proposition d’une consigne créative, ou par le fait de proposer différents médias à explorer, ou encore par la dynamique de groupe, qui va entraîner même les plus timides à créer aussi, voyant les autres oser se lancer. 

Toute cette structuration est essentielle et fait partie de notre (merveilleux, sensationnel et génial) travail (j’en fais trop ? 😆)

La reliure permet de rassembler les feuilles du carnet

Utiliser un carnet c’est l’assurance que les feuilles tiennent ensemble. 

 Je te partage la réflexion d'une personne actuellement en groupe avec moi et qui illustre bien cette sensation de "tenir" : tenir ensemble, tenir à quelque chose…

“C’est plus difficile de jeter un carnet à la poubelle plutôt qu’une feuille volante qu’on aurait “gribouillée” et qui se retrouve froissée au fond du sac à dos après l'atelier” 😏

Cette propriété symbolique du carnet, on l’utilise alors pour valoriser le travail des personnes, les aider à se centrer et à rester focus et surtout, dans une période donnée, on a tous les écrits et toutes les créations ce qui permet une rétrospective de ce qui s’est joué dans la session complète de l’atelier proposé.

C’est pourquoi il est intéressant de demander aux personnes de mettre la date à chaque séance et de commencer sur la seconde page du carnet. La première page sera utilisée pour noter la date de début et de fin du carnet, comme un point final symbolisant cette période de la vie.

Le lieu à soi

Pour paraphraser la grande autrice Virginia Woolf, le carnet est un lieu à soi : tout comme une maison, il représente la personne.

C’est un objet transitionnel au sens winnicotien du terme : ni tout à fait dedans, ni tout à fait dehors. Et cette propriété est utilisée par les ergothérapeutes pour aider les personnes à exprimer ce qu’ils ont en tête directement sur le papier. La relation devient alors médiatisée, il y a un tiers entre les deux personnes.

Ce qui est intéressant, c’est que ce lieu à soi est un environnement subtil dans lequel le thérapeute est parfois invité à “entrer”. Il doit alors le faire avec délicatesse et sans interprétation et voir la création comme le prolongement du créateur, donc en parler avec douceur et bienveillance.

L’objet en thérapie n’est jamais anodin (il faudra que j’écrive un article de blog complet sur ce thème, c’est trop vaste ☺️)

L’essai et l’erreur : comment nourrir la confiance en soi

Le carnet nourrit notre satisfaction créatrice : on peut tourner la page si cela ne nous plait pas, et tout recommencer sur la page d’après, qui redevient alors “une page blanche” sur laquelle il est de nouveau possible de tout inventer.

La symbolique est puissante car elle parle de la notion d’essais et d’erreurs (et de la relation plus ou moins conflictuelle à ce qui est considéré comme un échec) et de recommencements 🔂

Tu peux aisément utiliser cette métaphore auprès de tes patients pour les interroger sur leurs difficultés du moment et plus largement, de leur vision de la vie.

Le carnet, métaphore du voyage pour parler du transfert des acquis à la maison

Le carnet est un outil polyvalent : en tant qu’ergothérapeute tu peux l’utiliser en séance de thérapie et tu peux le proposer comme outil à la maison.

C’est un objet qui peut voyager entre le service de soin et le domicile, même si ce “voyage” doit être pensé par les thérapeutes comme un moyen pour atteindre les objectifs de soin.

Certains objets ont vocation à rester en thérapie, d’autres comme le carnet (de voyage ?), peut suivre la personne où qu’elle aille 🧳

Cela fera partie de la construction de ton dispositif thérapeutique de notifier comment sera utilisé l’objet en thérapie.

La métaphore de l’objet carnet pour l’individu

Pour la personne, tu peux avoir en tête des notions comme “carnet intime”, “journal intime”, “carnet de voyage”…

Ces notions font appel à l’introspection et à l’intériorité. Comme expliqué plus haut, le carnet représente ce qui s’est joué dans le temps T de la création. Sur ses pages, les créations faites par la personne représentent une métaphore de la vie. Dans ce carnet, régulièrement utilisé, des moments de flow créatifs sont vécus, avec perte de notion du temps et concentration extrêmes : ces moments sont souvent vécus comme des expériences extrêmement positives où les symptôme se tiennent à distance.

Si tu doutes encore parfois de ce que tu peux apporter aux personnes : relis ces mots.

🏝️ Apporter un îlot d’espoir le temps d’un atelier thérapeutique revêt une importance capitale pour les personnes en soin.

Ne me crois pas sur parole, demande-leur 😉

La métaphore de l’objet carnet dans le groupe

Si tu travailles avec l’objet carnet dans un groupe, tu pourras réfléchir ton cadre thérapeutique autour de la notion d’objet personnel dans un espace qui appartient au groupe.

🏝️ Le carnet présent devant chaque personne représente une “île” dans laquelle la personne peut s’exprimer, ces îles étant contenues dans l’espace plus vaste de la table (qui appartient au groupe) et dans celui encore plus vastes de la pièce.

Utiliser un carnet personnel dans un groupe permet de jouer sur la sensation d’avoir un lieu à soi, sécurisé, tout en étant en groupe.

🗣️ Lors du temps de verbalisation, on réapprend doucement mais sûrement les règles du vivre-ensemble et la capacité à dévoiler un morceau du jardin secret au groupe si et seulement si l’envie de le faire se fait sentir.

Le carnet représente un rempart face à l’impression angoissante de se diluer dans le groupe, tout en permettant de travailler les compétences sociales nécessaires à l’”être en groupe”, ce qui en fait un outil particulièrement adapté dans certaines situations.

Conclusion : les métaphores sont des images mentales puissantes que tu peux utiliser pour construire tes dispositifs thérapeutiques

Construire un dispositif thérapeutique se fait en amont du projet et en accord avec les objectifs des personnes mais également du service de soin dans lequel tu te trouves.

C’est notre travail d’ergothérapeute et c’est une étape fascinante où chaque détail concernant la personne, son environnement et ses occupations sont discutés (coucou modèle PEO ! 👋)

Construire ces dispositifs thérapeutiques s’apprend, et c’est mon travail de formatrice et de mentore de te donner confiance en tes capacités à monter n’importe quel atelier adapté.

D’ailleurs, note la date du 6 et 7 février 2025, car je propose une formation concernant la création des ateliers thérapeutiques en santé mentale à l’IFE de Nancy 🤩

En attendant (car c’est un peu loin !), tu peux bénéficier d'un accompagnement individuel en mentorat pour t’aider à y voir plus clair et chasser cette impression de “bricoler”.

Ce que tu fais pour tes patients est génial, la plupart du temps il faut simplement restructurer un peu le cadre thérapeutique et reprendre confiance en tes capacités à utiliser la bonne médiation au bon moment avec tes patients ☺️

 

Je suis d'ailleurs très fière (mais vraiment très très très fière ! 🥲) de te présenter le témoignage d'Edwige pour illustrer notre travail conjoint :

Comment te sentais-tu avant le mentorat ?

“Pas bien du tout dans mon travail. J'étais dans le brouillard total quant à mon identité pro. Sentiment de pas être à la hauteur, de pas être à ma place. Je ne trouvais pas de sens à ce que faisais, sentiment d'occuper les journées juste pour avoir un salaire à la fin du mois. Mon travail n'avais pas de sens, je n'en ressentais pas le sens.”

Et après quatre rendez-vous téléphoniques 😍

“Très bien. Je me sens rassurée, plus confiante en l'ergo que je suis. J'ai le bagage et les compétences qu'il faut mais il fallait de l'organisation et de la structure dans tous ça et maintenant ça commence à aller, ça va même déjà bien. Je trouve ma place, j'ai des journées bien remplies et pleine de sens, je me sais et me sens à ma place en tant qu'ergo et je vaux autant qu'un/e autre.”

 

Tu n'es pas seul-e ! ☺️

Contacte-moi pour en savoir plus : cassandrefays@gmail.com

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